ਅੰਤਰਿ ਗੁਰੁ ਆਰਾਧਣਾ ਜਿਹਵਾ ਜਪਿ ਗੁਰ ਨਾਉ ॥

antar gur ārādhṇā jehvā jap gur nāo.

Au plus profond de toi, médite et prie le Gurū, et avec ta langue, répète le nom du Gurū.

ਨੇਤ੍ਰੀ ਸਤਿਗੁਰੁ ਪੇਖਣਾ ਸ੍ਰਵਣੀ ਸੁਨਣਾ ਗੁਰ ਨਾਉ ॥

netrī satgur pekhṇā sravaṇī sun-ṇā gur nāo.

Que tes yeux ne contemplent que le Satgurū ; que tes oreilles n’écoutent que le nom du Gurū.

ਸਤਿਗੁਰ ਸੇਤੀ ਰਤਿਆ ਦਰਗਹ ਪਾਈਐ ਠਾਉ ॥

satgur setī ratiā dargeh pāīē ṭhāo.

Ainsi imprégné du Satgurū, tu auras ta place à sa noble Cour.

Gurū Arjan Dev (SGGS p.517)

Dargeh, dībān et darbār

photo

Dargeh ou dargah signifient « seuil, portail » en persan. À l’origine, un dargah est la tombe d’un saint soufi. Ce sont des lieux d’une grande importance pour les Soufis qui les considèrent comme des portails au travers desquels ils peuvent s’adresser aux saints et les prier d’intercéder en leur faveur. Par extension, dargah désigne la cour d'un tel mausolée, dans laquelle les disciples se réunissent pour prier, méditer et adorer la mémoire du saint, qui se rend ainsi présent à leur cœur. La gurbānī en retient essentiellement la notion de « cour divine »: un état de conscience au sein de laquelle les disciples communient dans la présence du Divin.

Dès lors, dargah prend sensiblement le même sens que dībān. À l’origine du mot « divan » (la banquette sur laquelle siégeait le shah), le dībān est la cour impériale de Perse, puis celle du sultan ottoman. Par extension, c’est une cour royale où sont réunis les plus nobles, les plus distingués, au service du maitre des lieux ; un lieu de splendeur, de noblesse et de sagesse.

photo

Dans un sens relativement proche, la gurbānī parle aussi de darbār : désignant au départ la salle d’audience des souverains de Perse, le darbār est la présence divine au sein de laquelle on est admis, un statut auquel on est élevé dans une forme suprême d’anoblissement. Plus communément, les Sikhs appellent darbār sāhib (la « noble cour ») la grande salle d’un gurdwārā, là où est installé le Sirī Gurū Granth Sāhib en majesté (certains l’appellent alors mahārāj, « illustre souverain »).

D’une façon générale, dargeh, dībān et darbār renvoient à la même expérience : celle de la présence divine dans toute sa gloire. Se sentir admis·e en la présence de la Suprême Conscience en majesté, entourée des saintes et des sages, des dévots, des plus nobles héros, des divinités et des chœurs angéliques baignant la cour de mélodies célestes. On y perçoit l’ordre cosmique et la justesse de toute chose, ainsi que l’indicible radiance.

Mai 2021 - par Ram Singh

:: Copyright © 2021 Ram Singh. Tous droits réservés. ::